Le 13 novembre dernier, le docteur Jean Rotman publiait son livre « Contre une médecine dictatoriale, Plaidoyer pour l’homéopathie ». En filigrane, il propose le portrait bienveillant d’une santé plus humaine, tournée vers une « médecine unie et intégrative ». Mais qu’est-ce que la médecine dite « intégrative » ? MonHoméoMonChoix vous propose de vous intéresser à cette évolution naturelle de la médecine, pas si nouvelle que ça… et d’avenir !

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A travers son plaidoyer pour une médecine unie, contre les excès et enfermements de certains tenants de la médecine conventionnelle, le docteur Jean Rotman dessine ce que devrait être la médecine de demain. Dans son pamphlet « Contre la médecine dictatoriale- Plaidoyer pour l’homéopathie », il déclare son engagement pour une médecine plurielle, humaine et au sein de laquelle toutes les thérapeutiques seraient complémentaires les unes aux autres. C’est ce qu’il définit comme « une médecine unie et intégrative ». Cette médecine dite intégrative consiste en un parcours de soins coordonné qui orchestre toutes les thérapeutiques existantes au bénéfice du seul patient. Car s’il y a un bien un sujet qui doit unir, c’est la santé de chacun.
La médecine intégrative repose sur la nécessité de tirer profit des meilleurs soins offerts à la fois par les approches conventionnelles et par les approches complémentaires de la médecine, dans le but de parvenir le plus rapidement possible à la guérison du patient.
Qu’est-ce que la médecine intégrative ? Une approche globale du patient
Née de la prise en compte de l’évolution de nos modes de vie, qu’il s’agisse de notre alimentation, de notre trop faible activité physique, de la gestion du stress ou de notre bien-être en général, la médecine intégrative s’adapte à chacun en plaçant le patient au cœur du processus, et des protocoles décidés par l’équipe soignante, composée de médecins et de professionnels de santé. . La médecine intégrative promeut des soins personnalisés dans une vision globale de la prise en charge de l’individu (facteurs individuels, aussi bien physiques que psychiques). Dans ce cadre, elle propose une prise en charge multidisciplinaire à travers un parcours de soins coordonné où chaque soin est pensé pour le patient et proposé au bon moment de son parcours de soin. Elle fait appel à des équipes formées en médecine conventionnelle et en thérapeutiques complémentaires, dans le respect des choix du patient et de ses particularités. L’homéopathie, le yoga, l’ostéopathie, l’acupuncture, la nutrition, etc. s’articulent ainsi avec la radiothérapie, la chirurgie, la chimiothérapie, etc. pour fournir à chacun la réponse thérapeutique la plus pertinente et une prise en charge globale du patient, de l’annonce de la maladie à l’après cancer par exemple.
La France, terre d’expérimentation pour cette révolution médicale
En France, terre d’expérimentation par excellence, les milieux hospitaliers s’intéressent de plus en plus à la médecine intégrative, en particulier pour la prise en charge des patients atteints de cancer : on parle alors d’oncologie intégrative.
Parmi ces établissements médicaux, on peut citer :
> Le centre de lutte contre le cancer, Léon Bérard, qui met à disposition une offre de thérapies complémentaires pour ses patients. Cette offre mise en place pour ses patients, sous la coordination du Dr Bénédicte Mastroianni, propose des ateliers d’art thérapie, de méditation et de sophrologie afin de les accompagner à mieux supporter les traitements lourds de la médecine conventionnelle de lutte contre le cancer.
> Les désormais nombreux Centres Ressource, dont celui d’Aix-en-Provence a été le premier, suivis notamment par Lyon, Reims ou encore Marseille. Il s’agit d’une fédération de centres précurseurs en médecine intégrative, où l’on s’occupe de la personne atteinte d’un cancer et accompagne la famille du malade grâce à une variété de thérapies et soutiens proposés.
L’hôpital de jour en soins intégratifs assure un bilan médical, et propose une prise en charge personnalisée pour améliorer la qualité de vie du patient pendant et après les traitements du cancer. Parmi les différents soins de supports intégratifs, on retrouve l’homéopathie, l’acupuncture, l’auriculothérapie, le soutien psychologique, l’hypnose thérapeutique, la méditation, l’onco-esthétique…
> Précurseur également, le service d’hospitalisation de jour de soins intégratifs du Groupe Hospitalier Saint-Vincent (le GHSV), mis en place par le Docteur Jean-Lionel Bagot, dont vous pouvez d’ailleurs retrouver l’interview sur sa vision de la médecine intégrative ici (lien interview). L’hôpital de jour en soins intégratifs assure un bilan médical, et propose une prise en charge personnalisée pour améliorer la qualité de vie du patient pendant et après les traitements du cancer. Parmi les différents soins de supports intégratifs, on retrouve l’homéopathie, l’acupuncture, l’auriculothérapie, le soutien psychologique, l’hypnose thérapeutique, la méditation, l’onco-esthétique…
D’autres établissements, comme l’Institut Bergonié, un centre de Lutte contre le Cancer de la région Nouvelle-Aquitaine, le centre Claudius Regaud, l’institut Curie, l’institut Gustave Roussy ou l’AP-HP ont montré un intérêt ou ont lancé des programmes de médecine intégrative dans leurs parcours de soin.
Il existe enfin en France l’Institut Rafaël, créé en 2018 par le Dr. Alain Toledano, cancérologue radiothérapeute. L’Institut Rafaël a pour objectif pionnier d’unir en un même lieu les soins pour les patients atteints de cancer. Dans ce premier centre d’oncologie intégrative, une équipe pluridisciplinaire (oncologues, homéopathes, art-thérapeutes, onco-esthéticiennes…) développe une prise en charge intégrative pour des milliers de patients. Ces spécialistes offrent un écosystème d’innovation humaniste, destiné à mieux s’occuper de chaque individu de façon globale et à favoriser le partage des compétences de chacun.
“Les parcours de soins sont très performants aujourd’hui, mais il nous manque l’accompagnement. Donc on a intégré tous les acteurs paramédicaux qui vont donner du temps, et le temps, c’est de la qualité. On a les a intégrés dans un parcours complet et on n’a pas du tout scindé les médecins et la technique et le patient et les paramédicaux. Cette oncologie intégrative est la seule façon que l’on pense performante pour prendre en charge les patients fragilisés par le cancer”, explique le docteur Alain Toledano, Président de l’Institut et également cancérologue et radiothérapeute à la clinique Hartmann, à la WebTV Fréquence Médicale[1].
Pour en savoir plus sur l’Institut Rafaël, retrouvez l’interview d’Alain Toledano, co-fondateur de l’Institut
Le CHU de Lausanne, une référence en la matière
En Suisse, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), l’un des 15 meilleurs dans le monde selon le classement 2020 du magazine Newsweek, joue un rôle de pointe en matière de médecine intégrative, grâce à sa collaboration avec la Faculté de biologie et médecine de l’Université de Lausanne. Lui aussi met en place une approche thérapeutique globale, centrée sur l’ensemble de la personne et son projet de soins. Le patient redevient ainsi acteur de ses soins, ce qui lui permet de guérir plus vite et de mieux réagir à l’avenir.
La médecine intégrative est par conséquent une médecine de pointe, dont l’approche est reconnue à l’échelle internationale. En positionnant l’humain au cœur du système de santé, elle est plus que jamais d’actualité.
[Un peu d’histoire] D’où vient la médecine intégrative ?
Le terme « médecine intégrative » renvoie au recours simultané à la médecine conventionnelle et aux médecines non conventionnelles dans le suivi d’un patient. Il est apparu dans les années 1990 aux États-Unis, puis au Canada, où des programmes évaluent l’intérêt de son intégration dans la politique de santé. Sa naissance répond au besoin de rompre avec le mouvement médical de cette fin du vingtième siècle, où l’hyperspécialisation conduit à une déshumanisation du parcours de soin.
Les médecins à l’origine de ce concept (les docteurs David Eisenberg et Andrew Weil) ont souhaité promouvoir une nouvelle approche de la médecine, où la relation patient-praticien devient le ciment du parcours de soins. Les milieux hospitaliers américains ont tôt fait de s’approprier cette vision innovante. Parmi eux, le Duke Center for Integrative Medecine et les cliniques de réduction du stress de Jon Kabat-Zinn, pionniers dans le domaine. Sans oublier les plus de quarante instituts universitaires de médecine intégrative en Amérique du Nord, dont un installé au cœur de la Harvard Medical School.
[1] Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=pQoKL87O0QQ&feature=emb_title