Alors que la consommation de médicaments n’a jamais été aussi importante, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) alerte sur les dangers des résidus qui se retrouvent dans la nature. Elle estime que ces substances pourraient avoir des effets négatifs imprévus sur les écosystèmes d’eau douce et sur la chaîne alimentaire.

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En 2018, le marché mondial du médicament a progressé de 5% comparé à l’année précédente. Le secteur devrait enregistrer une croissance toujours plus élevée dans les prochaines années grâce à une demande de plus en plus forte. La France, le 5ème consommateur mondial de médicaments et le 2ème pays en Europe derrière l’Allemagne (selon le rapport de l’Académie nationale de Pharmacie « Médicaments et environnement » publié en mars 2019), s’inscrira assurément dans cette dynamique.
Les résidus médicamenteux, un désastre pour la santé et l’environnement
Si cette croissance du marché du médicament s’explique en partie par un vieillissement de la population ainsi que par une augmentation des classes moyennes dans le monde, elle doit également nous alerter. En effet, les résidus médicamenteux (rejetés dans les déchets ménagers ou encore éliminés dans les eaux usées) se retrouvent inévitablement dans les eaux et les sols et in fine dans notre chaîne alimentaire. Ce qui est dangereux pour notre santé et pour l’environnement.
Dès 2009, l’étude « Intérêt du dosage de quatre éléments minéraux dans les eaux usées pour le suivi des activités médicales » initiée et coordonnée par le docteur Joël Spiroux, médecin, expert en santé environnementale alors qu’il était président de la « commission Santé/Environnement » de l’URML HN (Union Régionale des Médecins Libéraux de Haute Normandie) avec les laboratoires universitaires des professeurs Jean-Pierre Goullé et Michel Guerbet, mettait en lumière ce risque.
La méthodologie déployée consiste en une étude cinétique de détection et de quantification des résidus médicamenteux (25 molécules) à la sortie du CHU de Rouen, durant 30 jours consécutifs. L’étude a permis le suivi des molécules détectées de la sortie du CHU jusqu’à la sortie de la STEP (Station d’épuration) en 5 points de prélèvement : la sortie du CHU, l’entrée, le milieu et la sortie de la STEP. De plus il a été recherché des marqueurs spécifiques de l’activité hospitalière comme le gadolinium (Gd).
Deux sources de pollution sont clairement identifiées : l’une d’entre elles provient de l’activité hospitalière, l’autre concerne l’environnement « diffus » c’est-à-dire de la consommation médicamenteuse à domicile.
Après analyse des quatre éléments minéraux largement utilisés en médecine que sont l’argent, l’iode, le platine et le gadolinium, les résultats montrent que leurs concentrations dans les eaux usées hospitalières sont entre 3 à 27 fois plus importantes que celles des eaux usées de l’agglomération. Néanmoins, rapportés au débits respectifs des eaux usées hospitalières et de l’agglomération rejetées, fort est de constater que la quantité des rejets hospitaliers ne représente qu’environ 1 % à 9 % de la quantité totale de métal éliminée au niveau de l’agglomération. Dit autrement, la pollution médicamenteuse est beaucoup plus importante à la sortie de la ville, à cause de notre consommation quotidienne de médicaments, qu’à la sortie des hôpitaux. En effet, les résultats montrent une persistance des molécules étudiées en sortie de la STEP très importante au regard des molécules présentes en entrée de STEP.
Résultats :
La quantité des 25 molécules/an est :
- A la sortie du CHU : 1,2kg/an
- A l’entrée de la STEP : 392kg/an*
- A la sortie de la STEP (donc dans la Seine) : 300kg/an.
* A noter, qu’à l’entrée de la STEP, sont pris en compte à la fois les rejets médicamenteux au sortir du CHU (1,2kg/an) et à a fois ceux de l’agglomération – qui correspondent donc à un rejet de 390,8kg/an.
Au regard de ces résultats, nous pouvons en conclure qu’à ce jour les STEP se révèlent peu efficaces à éliminer les composants médicamenteux au sortir du CHU et de la ville.
Cette étude dont les résultats ont été présentés lors du premier congrès santé/environnement européen en 2009 (ECEP 2009) a permis à Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé, de mettre en place un comité de pilotage national sur les résidus de médicaments, qui a été suivi par le lancement du plan national sur les résidus de médicaments dans les eaux (PNRM), le 30 mai 2011, par Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Ecologie.
Trois publications avec reviewers ont suivi cette étude dont une en langue française : Goullé et al. 2011(1) ; Goullé et al. 2012(2) ; Saussereau et al. 2013(3).
Après un premier bilan publié en 2015, quelques mesures pour réduire en amont les résidus de médicaments ont été mises en place. Ce plan va désormais se poursuivre sous l’intitulé Plan micropolluants 2016-2021, avec trois objectifs principaux: réduire les émissions de micropolluants, consolider les connaissances pour adapter la lutte contre la pollution et dresser les listes de polluants sur lesquels agir. La question principale étant de modifier les stations d’épuration (STEP) pour qu’elles soient aptes à retenir ces petites molécules médicamenteuses, sans oublier les dioxines, phtalates, PCB, bisphénols et autres xénobiotiques.
Malgré cette prise de conscience collective, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié un rapport (7) , en 2019, dans lequel elle tire la sonnette d’alarme sur la persistance de ce phénomène et les effets sur l’environnement. « Les produits pharmaceutiques étant intentionnellement conçus pour interagir dans de faibles doses avec des organismes vivants, même de faibles concentrations dans l’environnement peuvent avoir des effets négatifs imprévus sur les écosystèmes d’eau douce », estime l’OCDE.
Parmi les médicaments nuisibles pour les écosystèmes d’eau, figurent les contraceptifs oraux qui entraînent une féminisation des poissons et amphibiens. Les antidépresseurs peuvent aussi modifier le comportement des poissons, les rendant par exemple plus vulnérables aux prédateurs. Sans oublier les antibiotiques, dont l’utilisation trop importante accroît le phénomène d’antibiorésistance, pour les animaux comme pour les humains. « La surconsommation et le rejet d’antibiotiques dans les masses d’eau pourraient causer plus de décès dans le monde que le cancer d’ici 2050 », prévient l’OCDE.
« L’homéopathie, c’est la seule famille de médicaments qui ne provoque pas d’effets secondaires. »
Sans effets secondaires ou indésirables connus, l’homéopathie représente l’une des solutions à cette limitation de résidus médicamenteux. Naturelle et respectueuse, cette thérapeutique ne génère aucun résidu dans les eaux et les sols.
Selon le Dr. Christelle Besnard-Charvet, gynécologue et obstétricienne, « c’est la seule classe de médicaments qui ne provoque pas d’effets secondaires, d’accoutumance ou d’interactions médicamenteuses et qui permet de prendre en charge les femmes enceintes et allaitantes, les enfants, les personnes âgées ou poly-médicalisées pour lesquelles nous avons peut d’alternatives ».
De plus, à niveau de sévérité égale de la maladie, les patients suivis par un médecin homéopathe consomment deux fois moins d’antibiotique (4), deux fois moins d’anti-inflammatoire(5) et trois fois moins de psychotropes(6).
Cette médecine a donc toute sa place dans le parcours de soins, tant par son approche du patient que par ses effets sur l’environnement.
1 Goullé, J., Lacroix, C., Saussereau, É., Mahieu, L.O., Bouige, D., Spiroux, J., & Guerbet, M. (2011). Intérêt du dosage de quatre éléments minéraux dans les eaux usées pour le suivi des activités médicales. Annales de Toxicologie Analytique, 23, 53-59. https://www.ata-journal.org/articles/ata/pdf/2011/03/ata110005.pdf
2 Jean-Pierre Goullé, Elodie Saussereau, Loïc Mahieu, Dominique Cellier, Joël Spiroux, Michel Guerbet. Importance of Anthropogenic Metals in Hospital and Urban Wastewater: Its Significance for the Environment. Bull Environ Contam Toxicol (2012) https://link.springer.com/article/10.1007/s00128-012-0829-y
3 Elodie Saussereau, Christian Lacroix, Michel Guerbet, Dominique Cellier, Joël Spiroux & Jean-Pierre Goullé. Determination of Levels of Current Drugs in Hospital and Urban Wastewater. Bull Environ Contam Toxicol. (2013)
4 Grimaldi-Bensouda L, Bégaud B, Rossignol M, et al. Management of upper respiratory tract infections by different medical practices, including homeopathy, and consumption of antibiotics in primary care: the EPI3 cohort study in France 2007-2008. PLoS One. 2014;9(3):e89990. Published 2014 Mar 19. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24646513/
5 Rossignol M, Begaud B, Engel P, et al. Impact of physician preferences for homeopathic or conventional medicines on patients with musculoskeletal disorders: results from the EPI3-MSD cohort. Pharmacoepidemiol Drug Saf. 2012. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22782803/
6 Grimaldi-Bensouda L, Abenhaim L, Massol J, et al. Utilization of psychotropic drugs by patients consulting for sleeping disorders in homeopathic and conventional primary care settings: the EPI3 cohort study. Homeopathy. 2015;104(3):170-175. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26143449/
7 OCDE (2019), Pharmaceutical Residues in Freshwater : Hazards and Policy Responses, OECD Studies on Water, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/c936f42d-en.