Martine Andreu a participé à la fondation de l’UPH, l’Union de la pharmacie pour l’homéopathie, association dont le but est de promouvoir la thérapeutique homéopathique auprès des pharmacies françaises. Elle revient pour MonHoméoMonChoix sur le rôle crucial du pharmacien, sa place centrale dans la vie des patients, et celui des pharmacies, espaces dédiés à la santé, accessibles et répartis sur tout le territoire.

Martine Andreu est pharmacienne homéopathe d’officine. Quelques années après son diplôme obtenu à la Faculté de pharmacie de Montpellier, elle ouvre une officine dans l’Aude et décide de se former aux médecines naturelles et complémentaires. Elle obtient ainsi le diplôme d’homéopathie de la Société Médicale de Biothérapie.
Pour les lecteurs de MonHoméoMonChoix, Martine Andreu revient aujourd’hui sur son métier de pharmacien, son rôle de proximité et sur les conséquences du déremboursement de l’homéopathie. Interview.
L’Equipe MonHoméoMonChoix [MHMC] – Au quotidien, dans votre officine, quelle est la place de l’homéopathie ?
Martine Andreu [M. A.] – L’homéopathie tient une place incontournable ! Nous avons des demandes de conseil quant à son utilisation lorsqu’elle est seule ou associée à d’autres thérapeutiques comme l’allopathie, l’aromathérapie et la micronutrition. Nous rencontrons également de plus en plus de demandes de renseignements lorsque le patient dispose d’une ordonnance. L’homéopathie est indispensable puisque c’est parfois la seule façon de répondre à une demande spécifique comme les coliques du nourrisson, les cauchemars de l’enfant, les douleurs de la montée de lait, etc.
MHMC – En tant que pharmacienne, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous êtes devenue adhérente de l’Union de la Pharmacie pour l’Homéopathie ?
M. A. – C’était ma réponse face aux attaques que subit l’homéopathie. En tant que pharmacien utilisant l’homéopathie depuis une trentaine d’années, je ne pouvais pas rester silencieuse et inactive. Avec d’autres confrères, nous avons ressenti le besoin de faire entendre la voix de la pharmacie. Nous avons surtout voulu agir pour que l’homéopathie continue à être enseignée à nos étudiants et futurs pharmaciens ou préparateurs, qu’elle continue à être conseillée par tous nos confrères et qu’elle continue à être utilisée en toute confiance par nos patients.
MHMC – Constatez-vous des effets liés au déremboursement partiel des médicaments homéopathiques ?
M. A. – Oui, très nettement qu’ils soient négatifs ou positifs d’ailleurs.
Au niveau de notre aptitude à conseiller, il n’y a aucun changement : nous conseillons toujours l’homéopathie, ni plus ni moins qu’avant. Et nos patients y sont toujours favorables ! Cette continuité dans notre profession, comme la fidélité de nos patients, est à mon sens positive.
Au regard du battage médiatique, j’ai pu craindre certaines objections lors d’un conseil homéopathique. Mais il n’y en a pas eues. Aucune ! Au contraire – et c’est l’un des effets positifs que je mentionnais : des patients, qui n’avaient encore jamais pris d’homéopathie, ont signé spontanément la pétition en faveur de son remboursement. Ils nous ont dit considérer cette mesure du gouvernement comme une atteinte à leur liberté de choix.
D’autres effets, en revanche, sont plus négatifs. On ressent par exemple que les prescriptions d’homéopathie ont beaucoup baissé. Nous rencontrions déjà une forte baisse du nombre de médecins homéopathes et le déclin s’est encore accentué.
Par ailleurs, la majorité des patients nous disent ne plus pouvoir se permettre de se soigner sans remboursement et basculent, de fait, vers la médecine conventionnelle avec le risque d’effets secondaires et d’interactions médicamenteuses, en particulier chez le sujet âgé.
Autre conséquence du battage médiatique anti-homéopathie, certains médecins généralistes qui prescrivaient un peu d’homéopathie n’osent plus le faire.
MHMC – A titre personnel, recommanderiez-vous l’homéopathie ? Si oui, dans quel cas précisément ? Les patients peuvent-ils venir vous voir en première intention ?
M. A. – Bien sûr que je recommande l’homéopathie ! Dans des situations diverses et variées : que ce soit en pédiatrie, en gynécologie, en oncologie, etc. Et oui, les patients peuvent aller voir un pharmacien en première intention dans deux cas particuliers : pour une demande où le conseil du pharmacien sera suffisant, par exemple en cas de rhume sans fièvre ; ou bien lorsque le patient souhaite pouvoir bénéficier d’une thérapeutique en attendant une consultation, par exemple pour un zona ou une cystite. Dans ces deux situations, il n’y a pas de perte de chance. Quel que soit le médicament homéopathique que je vais conseiller, je ne vais pas masquer une pathologie mais simplement soulager le patient ; et c’est déjà beaucoup !
7 étudiants en pharmacie sur 10 en faveur de l’enseignement de l’homéopathie[1].
Aujourd’hui, plus de 72,7% des étudiants en Pharmacie souhaitent garder un enseignement obligatoire et/ou facultatif en homéopathie au sein de leur faculté, selon une étude menée par l’ANEPF, l’Association Nationale des Etudiants en Pharmacie de France.

La place centrale du pharmacien dans la vie du patient
Le pharmacien d’officine tient un rôle central dans la vie du patient comme dans la cartographie de l’offre de soin. Il est bien souvent le premier professionnel de santé, avant même le médecin, qu’un patient va consulter en cas de désagréments ou maux bénins. Il joue un rôle essentiel d’information, de conseil et de prévention médicale et peut proposer des médicaments ou traitements non soumis à prescription, comme l’homéopathie. Créée en 2019, l’Union des Pharmaciens Homéopathes a pour objectifs de :
- représenter les pharmaciens homéopathes
- généraliser l’enseignement de l’homéopathie pour tous les acteurs de la pharmacie afin de garantir à tous les patients un conseil de qualité sur tout le territoire
- aider les pharmaciens à développer l’activité homéopathique dans leurs officines et à l’hôpital
Pour en savoir plus sur l’Union des Pharmaciens Homéopathes : https://www.uphomeo.fr/
[1] Source ANEPF : https://media.lepharmaciendefrance.fr/doc/Sondage%20Hom%C3%A9o%20Anepf.pdf p.5