Premier grand invité de notre plateforme MonHoméoMonChoix, le Docteur Daniel Scimeca, médecin généraliste homéopathe en région parisienne, revient, dans une interview confinée, sur l’importance de la place de l’homéopathie dans le paysage pandémique actuel.

L’Equipe MonHoméoMonChoix – Docteur Scimeca, bonjour. Comment allez-vous, en cette période trouble ?
Daniel Scimeca – Je vais bien mieux que mes patients, que certains de mes confrères qui ont succombé au Covid-19, je ne vais donc pas me plaindre. J’ai également énormément de travail, puisque les téléconsultations prennent beaucoup plus de temps que ce que l’on imagine.
MHMC – Quel regard portez-vous sur cette crise sanitaire sans précédent ?
D. S. – Il y a tellement de choses à dire sur cette crise, mais en ce qui concerne le coronavirus, je suis en mesure de dire qu’il s’agit d’un virus qui ne respecte pas les règles, qui se présente comme banal mais qui est capable d’envoyer parfois des gens jeunes et en bonne santé en réanimation. Il ne respecte pas les règles d’un virus respiratoire qui n’attaquerait que les voies respiratoires puisqu’il peut aussi provoquer des atteintes rénales ou cutanées, créer le fameux « orage de cytokine », et causer bien d’autres symptômes différents. Ce n’est pas non plus un virus tuberculinique, c’est un virus luétique (ndla : du mode réactionnel de Luèse), qui détruit, change de visage, est versatile et peut détruire toute une société sur le plan économique.
MHMC – Et d’un point de vue de santé publique ?
D. S. – Je ressens un certain agacement du fait de toutes ces polémiques sans fin. Je suis un scientifique et je ne peux comprendre, par exemple, que l’on soit pour ou contre le Professeur Raoult ; ce n’est pas constructif et surtout, ce n’est pas si simple. Ainsi, le Professeur Raoult dit-il des choses tout à fait censées au sujet des épidémies –c’est son domaine, mais il ne me convainc pas lorsqu’il parle de l’hydroxychloroquine. Nous retrouvons le même débat un peu vain autour de la personne de Roselyne Bachelot, dont on trouve maintenant « géniale » sa gestion de la crise de H1N1, en oubliant que Mme Bachelot est aussi à l’origine de la loi HPST (ndla : Loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires) qui a commencé à mettre à mal l’hôpital, pour ne pas dire pire. Je suis donc très agacé par cette catégorisation entre ceux qui ont raison et ceux qui ont tort. Disons plutôt qu’il y a des scientifiques qui exposent leurs points de vue et que nous analysons. D’un point de vue santé publique, cette crise sanitaire me semble être la conséquence d’une négligence de la part des pouvoirs successifs. Comme le disait le philosophe Hobbes, ce qui compte pour avoir l’adhésion et l’obéissance vis-à-vis d’un pouvoir, c’est qu’il assure la sécurité des populations.
Personne ne dit que l’homéopathie peut soigner le Covid-19. Ce que l’on dit, c’est que l’homéopathie peut agir sur les symptômes du Covid-19.
MHMC – Cette virulence de certains propos n’est pas sans rappeler celle que rencontre tous les acteurs de l’homéopathie, et l’homéopathie elle-même, depuis 2 ans. Qu’en pensez-vous ?
D. S. – On se trouve en effet dans un clivage fort, or, dans la vie, tout n’est pas tout noir ou tout blanc. L’exemple de la prévention et du traitement en cas de Covid-19 est en cela très frappant. Si l’on a le malheur de dire que l’homéopathie peut jouer un rôle, alors les pires raccourcis sont pris et on se prend une volée de bois vert. Personne ne dit que l’homéopathie peut soigner le Covid-19. Ce que l’on dit, c’est que l’homéopathie peut agir sur les symptômes du Covid-19. Agissant par similitude avec les symptômes, elle peut donc agir sur ces symptômes grâce à des médicaments adaptés.
MHMC – L’homéopathie a-t-elle aussi toute sa place en post-infection ?
D. S. – Absolument, car le Covid-19 cause une fatigue extrême, cyclique et qui traine. Les malades ont l’impression de rechuter alors que ce n’est pas le cas. Il y a beaucoup de dommages collatéraux dus au passage du virus dans l’organisme. Dans ces cas-là, il y a des médicaments homéopathiques très intéressants pour aider à se remettre d’aplomb. – De quoi souffrent principalement vos patients ces temps de Covid-19 ? On trouve tout d’abord, bien sûr, ceux qui ont attrapé le coronavirus. Je n’ai pas rencontré de cas graves et donc pas eu à demander d’hospitalisation, heureusement. J’avais pourtant des patients très fragiles… Ensuite, les gens viennent car ils souffrent de la peur. La peur de tomber malade, celle, irrationnelle, que l’on ne se représente pas, un peu comme la peur du loup. Ensuite, il y a la peur de venir chez le médecin. Nos cabinets sont vides ! Enfin il y a la peur du lendemain, de la ruine financière, et la peur liée au confinement, avec tout ce que cela induit : la peur de sortir, la sociophobie, etc.
En prévention, la place de l’homéopathie est essentielle dans l’optimisation de la santé globale de la personne.
MHMC – Face à ces troubles, notamment anxieux, en quoi l’homéopathie peut-elle aider ?
D. S. – Étrangement, ce ne sont pas forcément les médicaments homéopathiques auxquels on pense habituellement qui vont pouvoir aider. Une réponse pourra être trouvée avec des médicaments plus profonds et plus rares, comme ceux qui concernent la sociophobie, c’est-à-dire lorsque le patient a une énorme peur de la contagion, du contact avec les autres, du dé-confinement. D’autres médicaments homéopathiques vont pouvoir aider à la phase aigüe du Covid-19, lorsqu’il y a toux sèche, douleurs, courbatures aggravées par le mouvement, et lorsqu’il y a la peur du lendemain ou les difficultés financières. Enfin, certains médicaments homéopathiques vont aider contre les effets de l’anxiété et de l’agitation.
MHMC – Y a-t-il des cas de troubles du sommeil ?
D. S. – Non, pas vraiment. Ce que je retrouve en grand nombre c’est un décalage du rythme de chacun durant le confinement. Tout le monde se couche à 2h ou 3h du matin, avec les plateformes de vidéos, les lectures, le télétravail… C’est plus un décalage qu’un trouble. – Cette crise change-t-elle la vision qu’a notre société de la santé ? La vision de la santé me paraît brouillée, on le voit à la façon dont tout le monde se prend les pieds dans le tapis de ce dé-confinement. Dé-confiner veut dire « retrouver une vie d’avant ». Pour autant, dans ce monde d’avant, on pouvait mourir de la grippe, de la cigarette, de son hypertension, du diabète. Les gens appellent un âge d’or qui n’a jamais existé.
MHMC – Les patients demandent souvent aux membres du collectif MonHoméoMonChoix ce qu’ils peuvent faire pour défendre leur liberté de choix et conserver un accès facile à l’homéopathie. Que leur conseillez-vous ? Quelle est la prochaine action à mener selon vous ?
D. S. – A titre individuel, je ne vois pas bien ce que l’on peut faire de plus car nous avons récolté plus de 1,4 million de signatures l’an dernier et cela n’a rien fait. Selon moi, une piste nouvelle serait la piste juridique. Je crois profondément aux associations de patients et à leurs actions, au dépôt de plainte. Les gens sont des assurés sociaux et je suis persuadé qu’il serait intéressant pour les associations de patients de demander à la Sécurité Sociale le gel des cotisations sociales sur salaire pour ceux qui se soignent par homéopathie. La prochaine action serait ainsi une action coup de poings qui passerait par le juridique.
MHMC – Pour terminer cette interview confinée, un mot vous viendrait-il à l’esprit, que nous pourrions partager avec nos lecteurs ?
D. S. – J’aimerais partager un slogan, qui me paraît opportun et juste : « Et pourtant, il tourne, le granule ! » Ce slogan implique que l’on continue de soigner malgré toutes les polémiques, que l’homéopathie continue de marcher et qu’elle continue de remporter l’adhésion des gens. Y compris – et c’est une surprise – de la part de nouveaux patients arrivés chez moi un peu par hasard, via la téléconsultation, et qui ne cherchaient pas forcément de médecin généraliste homéopathe. Lorsque je leur propose, en plus de surveiller leur température, de leur donner de l’homéopathie, ils me disent tout de suite oui ! Un « oui » enthousiaste et unanime pour l’homéopathie, alors qu’ils venaient voir un médecin généraliste lambda…
MHMC – Dr. Scimeca, un grand merci à vous.
D. S. – Merci à vous. Portez-vous bien !
Important : L’homéopathie ne doit pas être préconisée seule dans les formes sévères. Elle n’est pas une alternative à l’hospitalisation et ne doit en aucun cas retarder une prise en charge hospitalière.